Mon potager et jardin bio

Techniques de conduite des cultures potagères (3ème partie)

Votre calendrier de plantations établi, commencera alors le travail de la terre. Dans cette troisième partie, nous aborderons, dans les grandes lignes, diverses pratiques culturales utiles en production légumière. Pour les détails concernant la mise en culture et l'entretien des légumes spécifiques le lecteur consultera, respectivement, Préparatifs pour réussir mon jardin potager bio (1ère partie) et Intrants: semence, engrais et pesticides (2ème partie).

SOMMAIRE

I. La pépinière


Bien des légumes peuvent être semés directement en pleine terre. Il est cependant préférable de les semer en pépinière afin de produire de jeunes plants destinés au repiquage plus tard. Ceci s'applique particulièrement aux légumes à petites graines à l'exemple de tomate, aubergine, poivron, piment, chou, betterave, laitue et oignon. Pour les plants à repiquer, on sèmera donc sur plates-bandes, en caissettes ou dans des plateaux à semis.

Pour la caissette-à-semis (figure 1) il convient de choisir une caissette en bois profonde de 10 à 15 cm et pourvue de fentes ou de perforations afin de permettre l'évacuation de tout excès d'eau après la pluie ou l'arrosage. Le fond sera ensuite couvert d'une couche de cailloux sur laquelle sera placée une couche de paille sèche. La caissette sera ensuite remplie jusqu'à un centimètre du rebord avec une bonne terre fine mélangée, en égale proportion, à du compost ou du fumier bien décomposé. Si cette terre est collante, du sable y sera ajouté au taux d'une unité de sable pour 5 unités de terre/compost. On tassera la surface, et seront ensuite tracés des sillons de 0,5 à 1 cm de profondeur selon que les graines à semer soient petites ou grosses. Les graines seront semées et recouvertes de terre avant d'être tassées légèrement une dernière fois.

Caissette à semis

Pour assurer la protection des semences et des jeunes plants, une toiture de feuilles et de branchages y sera installée aussi bien que des brise-vents pour les protéger du soleil, des fortes pluies et du vent. Une alternative consistera en la mise en place d'un paillis, c'est à dire une couche de paille ou de plastique sur le sol. On évitera d'utiliser les matériaux infestés d'insectes ou de maladies. Pour assurer une protection contre les oiseaux dévoreurs de semences, jeunes plants et semences seront recouverts d'un filet ou d'une feuille de plastique.

Afin d'assurer une bonne levée, il est impératif qu'une humidité régulière soit maintenue en arrosant la pépinière d'une manière régulière lorsque l'air est sec. L'arrosage est conseillé en début de matinée ou en fin de l'après-midi, jamais en plein soleil. Un arrosoir ayant une pomme à jet fin sera utilisé à cet effet.haut page magasin bio ligne

II. Les plates-bandes


Les plates-bandes servent pour le semis aussi bien que pour la production de légumes à consommer. Pour les faire, on commencera par retourner le sol à l'aide d'une fourche sur une profondeur d'environ 30 cm. Ensuite, le sol est ameubli à l'aide d'une houe et les cailloux enlevés. Cependant, ces deux méthodes culturales ne doivent pas être effectuées si la terre est trop humide ou collante. Les plates-bandes sont ensuite tracées à l'aide de piquets et de cordeaux. La longueur est variable mais la largeur ne dépassera pas 120 cm. Une allée de 30 à 40 cm devra être prévue entre les plates-bandes. On procédera ensuite à l'épandage du fumier ou du compost (2,5 kg/m2) et des engrais organiques (15 à 30 g/m2) qui seront enfouis par un labour superficiel à la houe. Les plates-bandes seront surélevées de 10 cm par rapport aux allées. Finalement, elles seront nivelés à l'aide d'un râteau.

Pour les légumes à moyenne et grosses graines tels que aubergine, piment et concombre, la mise en culture peut être faite en poquets (aussi appelé fossés), trous creusés à un écartement prescrit. Y seront placés les engrais et le compost ou fumier qui seront recouverts ensuite d'une couche de terre toute prête à recevoir les semences ou les semis.haut page magasin bio ligne

III. Ensemencement


Semis direct:

Le semis direct est généralement pratique pour les légumes et fruits qui ont une grosse graines comme les légumineuses (Fève, pois-chiche, haricot...) et les cucurbitacées (melon, courges...). Cette technique culturale est également adaptée aux légumes à racines charnues (navet, carotte...) car le repiquage ne leur convient absolument pas.

Pour ce faire, la semence est enfouie dans le sol d'environ 3 à 4 cm ou plutôt jusqu'à trois fois sa taille. Il est souvent préconisé de surveiller la germination et, le cas échéant, resemer les manquants. Les dégâts sont naturellement présents. Ils sont dus, d'un côté, aux taux de germination qui n'atteignent jamais les 100% et, d'un autre côté, aux ravageurs telluriques et aux oiseaux. Pour lutter contre ces dernier, il est conseillé d'enfouir la semence plus profondément afin de la rendre difficilement accessible. Par exemple, les graines de haricot seront placées à 10 cm de profondeur et recouvertes de 3 cm de terre seulement.

Pour faire le semis on procédera soit en lignes soit en poquets. Pour le semis en lignes, les graines (haricot et petit pois) sont disposées dans des sillons tracés à l'aide de cordeau, piquets et d'une pointe. On rabattra ensuite les bords du sillon sur les graines. En poquets, on y mettra 2 à 5 graines et on y ramènera la terre.

Repiquage:

Le repiquage consiste à la transplantation des plants des légumes semés en pépinière quand seront suffisamment développés. Il faut compter environ 15 à 21 jours après germination quand les plants auront 4 à 6 vraies feuilles. Quelques heures avant le repiquage, la pépinière devra être arrosée. Ensuite, les plants pourront être simplement arrachés et les racines mises à nu, mais il est préférable de les retirer en motte avec les racines prises dans une motte découpée à l'aide du transplantoir. Il est, ainsi, recommandé durant le découpage d'essayer de conserver la motte développée autour du système racinaire. Pour cela, on n'hésite pas à la presser légèrement pour qu'elle ne s'émiette pas.

Leur mise en place exige aussi beaucoup de soins. Pour réduire les risques de dessèchement, le repiquage sera effectué de préférence en fin d'après-midi ou par temps pluvieux. A l'aide du plantoir, un trou assez grand sera creusé pour recevoir les racines sans les replier vers le haut. En général, le plant sera enterré au même niveau qu'en pépinière tout en veillant à ce que les racines soient bien étalées et non pliées ou comprimées. La terre sera tassée sur les racines pour bien fixer la plante; il convient d'éviter la formation de poches d'air afin d'assurer une bonne reprise. La fixation du plant peut aussi se faire d'un coup de plantoir enfoncé à 45° (bornage) et ramené vers la plante (figure 2). Les plants seront arrosés sans tarder, et deux fois par jour par la suite. Au besoin, on abritera les plants transplantés avec des branches feuillues (ombrage) qu'on enlèvera totalement dans environ une semaine quand ils seront saufs.

repiquagehaut page magasin bio ligne

IV. Autres pratiques culturales


L'arrosage:

Si le jardin potager est implanté dans une zone où la pluviométrie est favorable on n'a pas vraiment besoin d'arrosage sauf pendant la période du semis et du repiquage. Les semis et plants récemment repiqués doivent être légèrement arrosés chaque jour. En saison sèche, les légumes-feuilles ont besoin d'au moins six arrosoirs (capacité 10 litres) d'eau par jour pour 10m2 et les autres légumes d'au moins quatre. Ces besoins en eau sont théoriquement calculés selon des méthodes assez complexes incluant différentes variables. En pratique, les deux principales notions qui comptent sont le climat et la nature du sol (alors, levez yeux, sentez le vent et touchez la terre). Par temps chaud et ensoleillé, les légumes ont besoin de plus d'eau. Un sol sableux doit être arrosé plus souvent et plus abondamment qu'un sol argileux. On notera que le paillage favorise la conservation et une meilleure utilisation de l'eau. On veillera toutefois à ne pas trop arroser car tout excès entraînerait la pourriture des racines et la perte de la plante. Les alternances de sécheresse et d'humidité sont aussi à éviter car néfastes aux tubercules. Pour les semis et les planches plantées serrées l'arrosage se fait, traditionnellement, en pluie avec la pomme de l'arrosoir. Sur les plantes espacées, soit on confectionne un système d'irrigation localisée (goutte à goutte), soit l'eau est, tout simplement, versée au pied à l'aide d'un arrosoir sans pomme (arrosage au goulot). Un pulvérisateur est très utile surtout pour l'arrosage des semis en caissettes. Dans bien des jardins potagers, on peut brancher directement sur le robinet avec un tuyau simple muni d'une lance permettant le réglage du débit et la finesse du jet. Il existe aussi d'autres techniques plus perfectionnées comme les asperseurs ou le goutte-à-goutte. Outre le coût élevé de ces systèmes, ils exigent souvent de fortes pressions d'eau.

Éclaircissage:

Si les jeunes plants poussent de manière trop rapprochée, il faudra éclaircir plus tard ce qui favorisera leur développement. Pour ce faire, la terre sera au préalable trempée et les plants en surnombre seront ensuite soigneusement enlevés de sorte à ne pas endommager les autres. Les plants enlevés pourront être repiqués ailleurs. Après avoir éclairci on arrosera afin de combler les trous dans le sol.

Le sarclage:

Le sarclage consiste à enlever les mauvaises herbes nuisibles car elles sont en compétition avec les cultures pour les éléments nutritifs et l'ensoleillement. On sarclera quand ces herbes sont nombreuses, gênant le développement des légumes, mais préférablement avant qu'elles n'aient fait leur graines, ceci afin qu'elles ne puissent se multiplier. Le sarclage peut se faire soit manuellement soit en employant la binette. Il est important d'enlever aussi les racines ou tubercules des mauvaises herbes pour les empêcher de repousser. Le recours aux herbicides chimiques n'est pas conseillé dans le jardin familial. Un bon paillage aiderait à supprimer bien des mauvaises herbes.

Le binage:

Le binage est technique très appréciée en jardinage. Le principe, assez simple, mais physiquement exigeant, consiste à retourner la couche superficielle du sol afin d'émietter la terre. Le binage s'effectue à l'aide d'une houe ou d'une binette. Il sert, principalement, à aérer le sol, surtout, quand il est tassé par le piétinage, l'eau de pluie et d'arrosage et à lutter contre les adventices. Cependant, on évitera à tout prix de pratiquer un binage trop profond, car il risque d'endommager le système racinaire des cultures en place.

Le buttage:

Le buttage, différent du binage, est une opération très pratiquée pour la culture de la pomme de terre. à l'aide d'une houe, ou d'une sape, la terre est ramenée autour des racines de la plante. On consolide, ainsi, la butte, on augmente le volume terreux nécessaire au bon développement des tubercules, tout on activant leur croissance.

buttage

Le tuteurage:

Des nombreux légumes (petit pois, tomate, cucurbitacées, etc.) ont besoin d'un appui ou d'un tuteur pour les maintenir droits. Les formes et les largeurs des tuteurs changent en fonctions des plantes et des cultures. On les installera avant de planter ou de semer, et la plante sera attachée assez lâchement au tuteur pour que la tige puisse continuer à grossir.haut page magasin bio ligne

V. La récolte


Pour tout produit il s'agira de récolter avec soin, évitant tout excès de température et de pression physique, ce qui entraîne une détérioration de la qualité et de grosses pertes après-récolte.

Les légumes à consommer seront récoltés le jour même prévu pour leur utilisation. Il est préférable, cependant, de le faire le matin, plus particulièrement pour les légumes-feuilles. Ainsi, ils seront frais et riches en vitamines. Après récolte ils seront gardés au frais en attendant de les utiliser. Ceux qu'on désire conserver doivent être récoltés par temps sec après midi; ils seront alors secs et subiront moins de risques de pourriture au stockage. Ils seront mieux conservés dans un endroit sec, frais, aéré et obscur.

La période de maturité et la manière de récolter diffèrent selon les légumes. En général, les légumes-feuilles sont cueillis avant leur maturité. Par contre, les tubercules comme la pomme de terre et les rhizomes comme le gingembre sont récoltés quand les feuilles et les tiges seront desséchées. Pour d'autres, il convient de récolter au bon moment afin de préserver leur qualité comme dans le cas du chou-fleur, du brocoli et de l'asperge. D'autres encore, comme le piment et la pomme d'amour, peuvent être récoltés à brefs intervalles sur deux ou trois mois. Nous donnons ci-après quelques indications à ce sujet:

Ail: par temps sec lorsque les tiges et les feuilles auront commencé à sécher et verser.

Arachide: la maturité se reconnaît à l'apparition d'une marbrure brune à l'intérieur des gousses.

Arouille: aussitôt que les feuilles auront commencé à jaunir.

Aubergine: la récolte commence environ 10 à 12 semaines après la plantation et se prolonge durant 5 à 6 mois; un tour de récolte tous les 2 à 3 jours.

Brocoli/chou: avant que la fleur ne monte en graine.

Chou: lorsque les pommes seront dures, soit environ deux mois après le repiquage.

Courgette: environ 40 jours après la plantation quand les fruits seront longs de 20 cm; après ils sont fades.

Gingembre: lorsque les feuilles et les tiges seront complètement desséchées quelque 8 à 9 mois après la plantation.

Laitue: lorsqu'elles seront bien pommées mais encore tendres.

Melon: le fruit mûr présente une gerçure circulaire autour du pédoncule, changement de la couleur; émet un son mat et sourd lorsqu'on le frappe avec la main; partie du fruit à l'abri du soleil devenue jaune.

Oignon: par temps sec lorsque 80% des feuilles seront versées et desséchées.

Patate douce: lorsque les feuilles commenceront à jaunir.

Pâtisson: cueillir les fruits tendres tous les 3 à 4 jours.

Petit pois: cueillir les gousses bien remplies tous les 3 à 4 jours.

Pomme de terre: lever par temps sec quand toutes les tiges seront desséchées.

Pomme d'amour: dès que les fruits commencent à perdre leur couleur verte et leurs poils glanduleux; faire mûrir les fruits à l'ombre et au sec.haut page magasin bio ligne

VI. Coin d'épices et plantes aromatiques


Tout jardin potager comporte un coin réservé aux épices et plantes aromatiques, et nous incluons donc ci-après des notes utiles à la production des plus communes. D'autres telles que gingembre, ail, piment sont traitées en détail dans le guide de mon jardin et potager bio. Elles sont généralement indemnes de maladie et peu sujettes aux attaques d'insectes. On veillera cependant à leur donner une bonne dose de fumier et d'engrais (30 g par m2) et un arrosage fréquent.

Thym:

Plante pérenne qui peut être plantée tout au long de l'année; sa multiplication est par bouturage des tiges qu'on enterrera au deux-tiers pour faciliter leur enracinement; seront coupés les rameaux à 2 cm du sol selon ses besoins pendant l'année.

Coriandre:

Plante annuelle cultivée pour ses feuilles tout au long de l'année; sa multiplication se fait par graines qu'on sème directement en lignes espacées de 40 cm, avec éclaircissement au besoin; les feuilles seront cueillies à leur maturité.

Menthe:

Plante pérenne multipliée par division de touffes ou boutures de tiges et plantée en lignes espacées de 30 cm; les feuilles et les tiges seront cueillies à leur maturité.

Persil:

Planté en mars-avril, le persil peut être productif pendant deux ans; sa multiplication se fait par semis en lignes espacées de 15 cm qu'on éclaircira pour ne retenir qu'un pied sur 8 cm de ligne; un complément mensuel de 13:13:20:2 sera apporté à partir de six semaines au taux de 30 g par m2; on récolte feuille par feuille en commençant par celles de la base afin de ne pas épuiser les plants.

Céleri:

Cultivé en altitude d'avril à août pour une récolte de septembre à novembre, sa croissance en saison chaude étant médiocre; on sèmera les graines pour être repiquées après deux mois avec un écartement de 35 cm par 20 cm; les tiges et les feuilles seront coupées au fur et à mesure des besoins.

Caripoulé:

Arbuste pérenne à feuilles aromatiques (murraya) utilisé en cuisine orientale; se multiplie par de jeunes plants issus des tiges souterraines; préfère les régions chaudes et demande une bonne exposition au soleil; peut devenir envahissant après quelques années.haut page magasin bio ligne

VII. La compostière


Pour le potager familial, une compostière sera aménagée dans un coin à l'abri du soleil, de la pluie et de toute accumulation d'eau. On peut procéder en fossé (surtout en région sèche) ou en tas. Le compost sera fabriqué à partir de résidus végétaux: fanes, tiges, feuilles mortes, tontes de gazon, mauvaises herbes (sans graine) et autres déchets du potager. Métaux, verre, plastique et pierres y seront exclus. Les légumineuses tels haricot, soja, voëhm, arachide, petit pois, acacia, sont recommandées puisqu'elles contiennent un taux relativement élevé d'azote. On prendra soin de couper en morceaux les grandes feuilles et tiges afin de faciliter leur décomposition. L'addition de la litière de volaille ou du fumier facilitera le compostage et enrichira le compost en éléments nutritifs.

Pour la réalisation du compost en tas, on commencera par poser un treillis de vieux branchages sur le sol, ce qui permettra plus tard une bonne aération du tas. On y posera ensuite divers matériaux en couches alternées: fumier (10 cm), résidus végétaux (20 cm), terre (5 cm). Le tas sera alors humidifié avant de répéter cette séquence deux ou trois fois.

Le tas sera retourné et humidifié tous les 2 ou 3 semaines. On se gardera de ne pas trop tasser ou détremper. Le compost sera prêt dans environ dix semaines quand on ne distinguera plus les matériaux du début et que la masse sera devenue homogène et d’une couleur marron foncé.haut page magasin bio ligne

Références bibliographiques de la boutique bio en ligne

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