Histoire de l'héroïne et les différentes politiques sociales et sanitaires adoptées en France

L'héroïne (ou diacétylmorphine) est une molécule de synthèse extraite à partir de la morphine, alcaloïde naturel de l'opium. Elle se présente sous forme de poudre et sa couleur dépend de l'origine géographique de l'opium dont elle est extraite et des produits de coupe:

a. l'héroïne de couleur brune est souvent originaire d'Inde ou du Pakistan et surtout d'Afghanistan, région appelée le Croissant d'or.

b. l'héroïne blanche est originaire de Birmanie, du Laos et de la Thaïlande, pays dits du Triangle d'or, auxquels il faut associer le Cambodge, pays de transit et de début de blanchiment d'argent.

SOMMAIRE

I. Historique de l'héroïne


En 1874, une première forme d'héroïne est synthétisée au Saint Mary's Hospital de Londres par C.R. Wright.

Quatorze ans plus tard, le chimiste allemand Heinrich Dreser, de la firme Bayer, poursuit les travaux initiés par Wright. Dreser affine le procédé de synthèse de l'héroïne et, très rapidement, procède à des essais sur l'homme. Bayer fera la promotion de l'héroïne en même temps que celle de l'aspirine. Des publicités de l'époque montrent des tubes des deux médicaments sur la même affiche.

La diamorphine, ou héroïne, est alors indiquée:

a. comme antitussif chez les tuberculeux: c'est le traitement héroïque de la tuberculose, d'où une origine sémantique possible.

b. comme remède contre les pneumonies, les troubles respiratoires des asthmatiques, les diarrhées.

c. et représente un traitement... des dépendances à la morphine (autre origine sémantique possible: l'héroïne devenant le traitement héroïque des héros de la guerre devenus morphinomanes après leurs blessures ou amputation). Substance d'administration aisée, on pensait à l'époque qu'elle n'entraînait ni tolérance ni dépendance et constituait un traitement radical des morphinomanies.

Produit semi-synthétique, l'héroïne est au moins deux fois plus puissante que la morphine: les doses (et les effets secondaires) peuvent donc être moins importantes pour obtenir des effets antalgiques et euphorisants équivalents.

En 1898, elle figure dans le codex français comme simple sédatif puis, dès 1912, elle apparaît dans les listes de substances induisant des toxicomanies soumises à contrôle international.

En droit français, la diacétylmorphine est inscrite en 1916 au tableau des stupéfiants et son usage médical est abandonné.

L'administration thérapeutique d'héroïne est interdite en France depuis 1962, sauf autorisation ministérielle exceptionnelle, et elle a été supprimée de la pharmacopée en 1971.haut page magasin bio ligne

II. Quelques chiffres de l'héroïne en France


Dans l'imaginaire collectif des pays industrialisés, l'héroïne est, depuis 1968, l'archétype de la drogue. Aucun fondement scientifique sérieux, aucune donnée de santé publique ne justifie cette représentation et ce rang.

En France, d'après les multiples rapports de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) et les différents études de P. Kopp et Ph. Fenoglio, l'alcool et le tabac tuent prématurément 85 000 personnes par an et l'héroïne, 200. Le coût social des substances psychoactives licites (alcool, tabac) représente 2,52 % du PIB ; celui des drogues illicites, 0,16 % du PIB, dont la majeure partie pour financer la répression et les incarcérations.

La révolution de 1968 et la menace qu'elle inspira aux gouvernements mondiaux de l'époque, associée à la promotion médiatique et politique de la rhétorique du fléau de la drogue chez les jeunes, après les premières overdoses (en 1969 pour la France), peuvent expliquer cette diabolisation.

La politique répressive qui en découla ne fit qu'aggraver cette image de l'héroïnomane junkie et délinquant, tout en favorisant l'expansion mafieuse du trafic avec son lot de violence et de blanchiment international de l'argent sale.haut page magasin bio ligne

III. Une catastrophe sanitaire et sociale


De 1972 à 1987, les stratégies des politiques de la santé, en ce qui concerne les dépendances à l'héroïne, se limitèrent à des démarches plutôt psychologiques. Les résultats furent, d'ailleurs, catastrophiques. C'est bien une catastrophe sanitaire et sociale que souligne le Pr R. Henrion dans son rapport au Premier ministre sur les usages de drogues, après que la dissémination du virus du sida eut démontré les dangerosités du système français. Seule la décision de Michèle Barzach, ministre de la Santé, en 1987, de remettre en vente libre dans les pharmacies le matériel d'injection, avait limité la casse.

Depuis 1994-95, l'officialisation des stratégies de réduction des risques et l'accès à des traitements de substitution (méthadone et buprénorphine) ont permis, en France:

a. de commencer à construire un discours scientifique sur les pratiques addictives (usages, usages nocifs ou abus, dépendances).

b. d'essayer de s'affranchir du poids des idéologies.

c. de faire la paix avec les usagers d'héroïnes.

d. de leur redonner accès au système de santé.

e. de diminuer de 80 % le nombre d'overdoses en 5 ans.

f. de diminuer les contaminations par le VIH et les virus des hépatites.

g. de diminuer la consommation d'héroïne et la petite délinquance qui pouvait s'y associer.haut page magasin bio ligne

IV. Les modes de consommation de l'héroïne


La plupart des héroïnomanes à problème (on parle d'usages nocifs et de dépendances), qui ont recours aux centres de soins spécialisés, aux médecins généralistes ou aux urgences des hôpitaux mais aussi ceux qui sont vus en milieu carcéral, consomment majoritairement ce produit par voie intraveineuse. Leur nombre est estimé entre 180 et 250 000 personnes.

L'héroïne peut aussi être sniffée ou fumée et il est difficile de connaître, en France, le nombre d'usagers par ces voies. Il est vraisemblable, surtout dans les milieux favorisés, que ces modes d'usages moins délétères pour la santé et l'inscription sociale, concernent plusieurs dizaines de milliers de personnes dans notre pays. Lorsque l'héroïne est chauffée et fumée sur une feuille de papier aluminium, les usagers disent chasser le dragon. Prise en association avec la cocaïne, cela s'appelle le speed ball.haut page magasin bio ligne

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