Histoire du cannabis dans le monde et en France

Le cannabis est au moins aussi vieux que l'agriculture. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) décline le cannabis au féminin mais nous nous en tiendrons au masculin, le plus couramment employé. C'est une plante herbacée dioïque, c'est-à-dire qu'elle a des pieds mâles et femelles distincts. Le cannabis est cultivé pour ses fibres (le chanvre), son huile et sa résine.

C'est une des plus anciennes drogues connues. Les Chinois la connaissent pour ses propriétés psychotropes depuis 6000 ans. Son usage (Népenthès) est mentionné par les compagnons d'Ulysse. Les Romains l'utilisaient afin de confectionner du pains aux vertus calmantes et les Assyriens l'employaient pour ses propriétés aromatisantes et, aussi, comme encens.

Au IIe siècle, Galien vante les vertus relaxantes de la plante et la conseille dans les cas d'otalgies (douleurs au niveau de l'oreille).

SOMMAIRE

I. Le cannabis au Moyen-Âge


Marco Polo rapporte l'histoire, dans une région qui correspond à l'Iran du XXe siècle, de la secte des Haschichins, fondée par Hasan Ibn al Sabbah Homairi, (le Vieux de la montagne) qui proposait le paradis à ses fidèles en même temps que sa potion secrète.haut page magasin bio ligne

II. Le cannabis aux XVIe et XVIIe siècles


Au XVIe siècle, l'usage du cannabis diffuse de l'Orient vers le Maghreb puis l'Europe grâce aux Espagnols. Rabelais mentionne son existence sous le nom de Pantagruélion et son efficacité en cas de rhumatismes.

Au XVIIe siècle, les Européens l'introduisent en Amérique latine (Brésil) puis en Amérique du Nord. Son utilisation demeure, comme en Europe, essentiellement thérapeutique.haut page magasin bio ligne

III. Le cannabis au XIXe siècle


C'est au XIXe siècle, que les écrivains et poètes français et anglais, fascinés par l'exotisme oriental, consomment le cannabis sous forme de dawanesk (confiture verte à haute teneur en principe actif) pour explorer leur sensibilité créatrice.

Théophile Gautier fonde, avec Balzac, Flaubert, Daumier, Delacroix, de Nerval et Dumas, le club des Haschichins qui aurait également été fréquenté par Baudelaire. Les descriptions cliniques de cette époque, dominées par les travaux de Moreau de Tours après son séjour au Caire, narrent des modifications de comportement spectaculaires et durables en relation avec de très importantes concentrations actives absorbées et le contexte de consommation: actes violents, crimes et psychoses (bouffées délirantes) cannabiques.

Ces descriptions confortent l'interdiction émise par Napoléon Bonaparte, après une agression lors de son expédition égyptienne, de faire usage du breuvage à base de chanvre cultivé par les arabes.

Moreau de Tours décrivit en 1845 les effets du cannabis comme une succession de phénomènes: euphorie, excitation, décalage d'esprit, perdition dans le temps et l'espace, accroissement de sensibilités, délires et illusions.haut page magasin bio ligne

IV. Au XXe siècle, l'histoire du cannabis se caractérise par sa prohibition


Commence alors les temps des interdictions en France qui considère le cannabis comme étant une drogue et l'inscrit dans sa loi de 1916 (mais il demeure légal en outre-mer jusqu'en 1957 et y sera distribué par la Régie française des tabacs). La convention internationale de Genève, en 1925, la range dans la catégorie des stupéfiants, essentiellement sous la pression des Américains. Ces derniers associent le cannabis aux populations pauvres et le nommaient l'herbe de la folie.

En 1937, le Marihuana Tax Act américain, officialise le délit d'usage du cannabis et promeut la traque du produit. Débute alors une période de prohibition qui soulèvera, jusqu'à nos jours, beaucoup plus de passion que de discussions éthiques, scientifiques, sociologiques et politiques rationnelles. Commencés dans les années 50, les débats proliféreront dans les années soixante et encore plus après les mouvements mondiaux de 1968.

En 1964, R. Méchoulam et Y. Gaoni de l'université hébraïque de Jérusalem, ont isolé un des principaux principes actifs du cannabis: le delta 9 tétrahydrocannabinol (THC).haut page magasin bio ligne

V. Les études récentes concernant le cannabis


En 1983, H. Lôo décrivit, comme l'avait fait plus d'un siècle auparavant J.J. Moreau de Tours, les effets du cannabis:

À des doses modérées, s'observe un discret état d'excitation psychomotrice marquée par une euphorie, une sensation de stimulation intellectuelle, avec une logorrhée et une impression de bien-être. A des concentrations plus fortes ou après un usage plus prolongé, des troubles psychosensoriels dominent l'expérience (...). Des réactions pathologiques s'observent parfois dans l'ivresse cannabique. Chez des sujets psychotiques, plus ou moins bien compensés, elles se manifestent par une angoisse prégnante, une désorientation temporo-spatiale et des troubles délirants ou hallucinatoires.

L'existence de récepteurs cérébraux spécifiques des cannabinoïdes, ainsi que les interactions avec divers neuromédiateurs, fut suspectée par A. Howlett en 1985 et prouvée expérimentalement chez l'homme par N. Volkov en 1991, grâce à la tomographie cérébrale par émission de positrons. Cette technique permet de prendre des clichés par balayages successifs et d'obtenir des coupes centrées sur une zone précise. Depuis l'arrivée du scanner, elle ne se pratique presque plus.

En 1992, fut isolée et identifiée l'anandamide (du sanscrit félicité) molécule physiologique humaine dérivée d'un simple acide gras (l'acide arachidonique). Cette molécule fut initialement considérée comme le neuromédiateur cannabique, voire pour certains comme un petit cannabis produit par le cerveau humain.

En fait, depuis 1997 et la mise en évidence d'une autre molécule physiologique retrouvée en plus grande quantité dans le cerveau (le 2-arachidonylglycérol), la plupart des auteurs s'accordent à penser qu'il existe plusieurs molécules cannabinoïdes endogènes libérées dans des régions cérébrales humaines distinctes. Malgré ces récentes découvertes, de nombreux points de pharmacologie cellulaire et plus généralement des modes d'actions des principes actifs du cannabis restent à éclaircir.

De nos jours, en France, malgré l'inscription de sa pénalisation dans la loi du 31 décembre 1970, le cannabis demeure, avec l'alcool et le tabac, la substance psycho-active la plus consommée:

• 32 % des lycéens de 15-19 ans en auraient déjà fumé au moins une fois dans l'année ;

• 14 % au moins 10 fois dans l'année (le nombre d'usagers est estimé entre 3 et 5 millions de Français) ;

• 31 % des adultes de 18 à 44 ans disent en avoir consommé au moins une fois dans leur vie.

Les différents rapports sur la dangerosité des drogues , notamment le plus célèbre du Professeur Bernard Roques (Ed. Odile Jacob, 1999), commandé par le secrétariat d'Etat à la Santé, classe le cannabis dans les produits à moindre dangerosité par rapport à la cocaïne, l'héroïne, l'alcool, les amphétamines (et l'ecstasy), l'alcool et le tabac.

L'arrestation, pour infraction à la loi sur les stupéfiants (ILS), des usagers ou détenteurs de cannabis, a constitué 85 % (73 000 personnes) des ILS. Récemment, une circulaire du Premier ministre, dans le cadre de l'application du plan triennal confié à la MILDT, demande aux préfets de privilégier les propositions préventives, informatives et thérapeutiques pour les ILS qui concernent le simple usage de cannabis.haut page magasin bio ligne

Sources bibliographiques:

Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) - ministère de la Santé.
Centre français pour l'éducation à la santé
Le cannabis. D. Richard et J.L. Senon.

Les cookies assurent le bon fonctionnement du site Bio-enligne.com. En utilisant ce dernier, vous acceptez leur utilisation.